Green Claims : directive européenne et réalités

Ces dernières années, les allégations environnementales se sont multipliées sur les produits, les services, les marques. Du « respectueux de la planète » à l’inévitable « neutre en carbone », le greenwashing s’est faufilé partout. Pour remettre un peu d’ordre, la Commission européenne avait préparé une directive ambitieuse : la Green Claims Directive (GCD). Mais retournement de situation : à peine validée par le Parlement, la directive est aujourd’hui gelée. Mise en pause. Ou, disons-le franchement, mise au placard.

Ce que la directive Green Claims promettait

La directive Green Claims n’était pas qu’une promesse verte de plus. C’était un texte structurant, qui devait instaurer des règles communes à l’échelle européenne pour encadrer les allégations environnementales et lutter contre le greenwashing.

Objectif : prouver ce qu’on avance

Elle visait à :

  • Obliger les marques à justifier scientifiquement leurs allégations environnementales.

  • Imposer une vérification indépendante de ces données.

  • Interdire les allégations vagues ou trompeuses du type « écologique », « durable », « bon pour la planète », sans preuve formelle.

Autrement dit : fin du marketing approximatif et place à la traçabilité.

Qui était concerné ?

Toutes les entreprises commercialisant dans l’UE, sauf les micro-entreprises (moins de 10 salariés, < 2 M€ de CA) qui auraient été partiellement exemptées. Les sanctions prévues étaient significatives : amendes, exclusions des marchés publics, actions en justice facilitées.

Une mise en œuvre progressive

Le texte, une fois adopté, devait être transposé au niveau national sous 24 à 36 mois. On visait donc une application autour de 2027, mais avec une phase de préparation en 2025‑2026.

La promesse d’un nouveau standard

Cette directive Green Claims représentait un changement de paradigme : passer d’un modèle déclaratif à un modèle fondé sur la preuve.

Elle devait :

  • Créer un filtre entre l’intention sincère et la manipulation marketing.

  • Redonner confiance aux consommateurs.

  • Valoriser les entreprises réellement engagées, trop souvent noyées dans le bruit ambiant du greenwashing.

Autrement dit : une vraie opportunité de clarifier les règles du jeu et d’encourager les pratiques vertueuses.

Mais Bruxelles lâche l’affaire

Coup de théâtre en juin 2025 : la Commission européenne décide de ne pas transmettre la directive Green Claims (GCD) au Conseil ni au Parlement pour les négociations finales (trilogues). Le texte, pourtant adopté en mars par le Parlement, est donc suspendu sans garantie de reprise.

En clair : le projet est abandonné, enterré pour cause de frilosité politique.

Pourquoi ce revirement ?

  • Sous la pression des lobbies industriels, inquiets des contraintes administratives et financières.

  • Dans un contexte où l’UE cherche à alléger les réglementations (surtout à l’approche des élections européennes), la directive est devenue trop sensible politiquement.

Conséquence directe : les marques peuvent continuer à afficher des arguments verts sans preuve, sans être inquiétées (ou presque).

Et maintenant, on fait quoi ?

Oui, c’est un coup dur. La directive Green Claims était un pas vers plus de rigueur, de lisibilité, de responsabilité. Mais ce n’est pas parce que l’Union recule que nous devons faire demi-tour. Au contraire !

On peut toujours :

  • Adopter une communication responsable, sans attendre d’y être obligé·e.

  • Documenter chaque allégation, s’appuyer sur des sources fiables, des ACV (analyses de cycle de vie), des données chiffrées.

  • Former ses équipes pour reconnaître les pratiques trompeuses et adopter les bons réflexes pour éviter le greenwashing.

  • Se démarquer par la sincérité et la cohérence : dans un paysage où tout le monde crie "vert", la nuance et la rigueur font la différence.

Et les sanctions alors ?

Elles existent déjà : le Code de la consommation, l’ARPP, le Jury de Déontologie Publicitaire, offrent des leviers d’action contre les pratiques abusives. C’est moins structuré qu’une directive, mais ce n’est pas le vide juridique.

Le vrai changement ne viendra peut-être pas d’en haut

Ce renoncement européen nous rappelle une chose : les règles du jeu ne suffiront pas à transformer les pratiques si l’impulsion ne vient pas aussi de l’intérieur.

Alors oui, on aurait aimé une directive solide. Un cadre clair. Un filtre éthique.

Mais on peut aussi décider que l’alignement entre valeurs et communication n’est pas une affaire de conformité, mais de conviction.

Et toi ? Tu attends encore qu’on t’y oblige pour communiquer avec sincérité ? Regardons ensemble comment mettre en place une communication responsable pour ton entreprise.

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